top of page

Blog

Les jugements

Quand on me contrarie, on éveille mon attention, non pas ma colère.

Montaigne

Chaque fois que vous portez un jugement sur quelqu'un, soit vous êtes en train de vous juger vous-même, soit vous êtes jaloux de ce que la personne s'autorise à faire que vous ne vous autorisez pas vous-même." Je n'ai jamais oublié ces mots entendus à l'âge de vingt-sept ans de la bouche de Ghanda Fairs, une formatrice canadienne. Depuis, j'ai eu tout le loisir de me pencher sur la question en participant à de nombreux groupes de développement personnel dans les années qui ont suivi cette révélation. Franchement, ça marche. Amusez vous un peu à vous demander systématiquement, quand quelqu'un vous dérange: "Et là, je me juge moi-même ou je suis jaloux?" En fait, ce n'est pas toujours moi-même que je juge. Dans bien des cas, j'ai un défaut équivalent à celui que la personne manifeste, qui n'est pas forcément situé sur le même plan. Je peux la juger bornée dans un domaine alors que je le suis dans un autre. Je peux la trouver paresseuse alors que je me reproche secrètement de ne pas en faire assez même si j'en fais déjà beaucoup. Je déteste le regard flou et triste de quelqu'un parce que j'ai besoin de me sentir forte et pleine de certitudes alors que j'ai beaucoup de doutes... Mais parfois, je condamne l'autre parce qu'il me rappelle quelqu'un qui fait partie de mon histoire. Je vais détester ce regard qui me rappelle celui de ma belle-mère qui ne m'aimait pas. Donc, la bonne question est: "En quoi ce trait de caractère ou cette particularité dans l'apparence de quelqu'un fait écho à quelque chose qui m'appartient et dont je n'ai pas conscience?" Pour ce qui est de la jalousie, c'est facile à décoder. Si vous êtes un peu inhibé, vous serez peut-être agacé par untel qui brille systématiquement en société. Si vous portez seule mille et une responsabilités, vous en voudrez à celle qui se prélasse parce qu'elle a la chance d'être soutenue matériellement et chouchoutée par son conjoint. Ou vous allez détester les gens qui parlent de leurs maladies parce que votre mère était toujours malade ou que son métier de médecin l'éloignait de vous qui ne vous plaigniez jamais (et vous dites admirer le stoïcisme). Si vous regardez bien, il y a beaucoup de "défauts" qui ne vous dérangent pas du tout et qui même vous amusent ou vous attendrissent. Et cela agace beaucoup certaines personnes que ces défauts ne vous chagrinent pas. C'est un jeu de piste sans fin et les gens que nous jugeons ont beaucoup de choses à nous apprendre sur nous même et nos propres "défauts" (ou jugés tels) tout comme ceux que nous admirons nous renseignent sur nos qualités à développer.

 
Archive
Follow Me
  • Grey Facebook Icon
bottom of page